dimanche 27 avril 2008

I'm a legal alien

Je suis un Français à Fukuoka, et je me dois donc d'avoir mon alien card. Lundi dernier je suis allé la retirer au Higashi Ward Office (Higashi-ku étant le quartier où je réside). Cette carte doit être faite dans les 90 jours qui suivent l'arrivée au Japon (pour les séjours de longue durée bien entendu).

L'aventure commence trois semaines plus tôt, le lundi de mon arrivée. L'objectif était juste d'aller ouvrir un compte en banque, mais ce fut plus compliqué que ça. Les banques au Japon ça ne marche pas comme en France. Il n'y a pas plein de petites agences avec quelques guichets mais quelques grosses, le reste étant des machines automatiques. Les agences sont ouvertes moins longtemps qu'en France (si si !), mais surtout les distributeurs, qui ne sont pas en pleine rue, ferment également (moi non plus je ne vois pas l'intérêt d'interdire l'accès à des machines automatiques, mais bon...), et puis si on ne retire pas en semaine pendant la journée, on a droit à 100+5 yens de frais... C'est pas terrible les banques au Japon, on comprend pourquoi beaucoup de transactions se font en espèces (versement de cautions, paiement d'un loyer, ...).

Nous sommes donc quatre Français à nous rendre à la Fukuoka Bank de Nishijin (près de là où on bosse) pour ouvrir les comptes. Il y a du monde qui attend, en regardant la télé ou en lisant le journal (disponibles dans la salle d'attente). Pendant ce temps on voit les employés qui s'activent derrière la dizaine de guichets. Nous on préfère discuter et faire des commentaires sur tout et n'importe quoi. L'avantage c'est qu'on peut dire tout ce qu'on veut, on sait que personne ne comprend le français, c'est bien pratique. Vu qu'on était en période de cerisiers en fleurs, on avait droit aux décorations appropriées : des pétales en papier rose collés un peu partout.
Les guichets sont très caractéristiques de la culture nippone en matière d'accueil des clients. Au moment d'appeler un nouveau client la guichetière appuie pour passer au numéro suivant, une voix invite très poliment le client numéro 42 à aller se présenter au guichet 7. Pendant ce temps la guichetière se tient debout, bien droite. Une petite courbette au début, on traite la demande du client, une petite courbette à la fin accompagnée de remerciements, et on passe au suivant.

Notre tour arrive, on se présente au guichet et on commence à remplir les formulaires. Il faut faire très gaffe au Japon avec les noms et prénoms. Un détail qui sort un peu de la procédure prévue ou un cas un peu particulier à tendance à les perturber, alors les noms d'étrangers... il faut faire attention. L'accent circonflexe ça les a complétement bloqué : ils voulaient que je translate in English, ça ne leur est pas venu à l'idée de le retirer d'eux-même. En plus du nom écrit normalement (en japonais ou en caractères latins anglais), on donne également sa prononciation en utilisant des katakana, ceci avant de lever l'ambiguité de l'écriture en kanji et d'établir une correspondance pour les noms non japonais. Pour moi ça sera リデル ベノワ (Rideru Benowa, ça aurait pu/dû être Benuwa, mais un coucours de circonstances à fait que...). Et (pour la banque) mon nom complet sera RYDER BENOIT, et surtout pas RYDER Benoit. J'insiste, c'est important : ils n'ont pas été capable de faire l'association quand j'ai marqué mon prénom en minuscules dans un formulaire pour une démarche quelconque.

Pour la signature, là encore, c'est problématique. On n'avait pas apporter nos inkan et il a donc fallu en faire une manuscrite : pas question de leur faire un griffonage, il faut que le nom soit lisible, on a donc bêtement recopié notre nom et prénom et ils étaient contents. Et un inkan, c'est quoi ? C'est un sceau gravé à son nom qui sert de signature. Le sceau est utilisé avec une encre rouge et il peut en exister de plusieurs tailles. Le mien est un sceau basique (l'étui se trouve facilement pour 100 yens) : petit et circulaire, avec le nom gravé dedans. Mais il en existe des bien plus gros, notamment les cachets des administrations. Certaines démarches importantes nécessitent d'avoir un inkan plus imposant (donc plus cher), on peut donc en avoir plusieurs : celui qu'on a toujours sur soi et celui qu'on garde soigneusement chez soi pour les trucs importants.




Après avoir écrit l'adresse du dormitory (qui est loin d'être courte), on laisse de l'argent pour l'ouverture du compte : 3 yens (même pas 2 centimes d'euro) suffiront. Et on retourne attendre. Cinq ou dix minutes plus tard j'entends un Rideru-sama ... ah ouais c'est moi ça. Un employé qui avait l'air d'être le boss est tout perturbé, on n'a pas d'alien number, qui n'était pas demandé un an auparavant pour ouvrir un compte... Pour une raison obscure il s'obstine à s'entretenir en anglais alors que le Français qui était toujours pour nous dépanner lui répondait en japonais. Il ne devait pas avoir son TOEFL, on a eu droit à un anglais très... spécial qui continue de nous faire marrer. Y'a pas le choix, va falloir commencer les démarches pour l'alien card. Direction le métro pour se rendre au Higashi Ward Office.

Là encore, de l'attente, des papiers à remplir (on commence à la connaître l'adresse du dormitory), des photos d'identité à faire, ... des champs obscurs à remplir, ... je vous passe les détails. Encore des voix d'annonce aux guichets (et pas un simple bip comme chez nous), avec un système bien au point qui regroupe les annonces quand il y en a plusieurs à faire à la suite (ouais je sais, y'a que moi pour m'intéresser à ce genre de trucs). Comme à la banque, une télé est là pour aider à attendre. Y'a aussi le floor staff qui a trois fonctions majeures : dire aux gens d'aller se mettre à l'endroit approprié pour remplir leurs formulaires, se ranger à côté de l'entrée, saluer (paroles + courbette) quand quelqu'un entre ou sort.
Pendant qu'un papier temporaire est établi pour la banque (en attendant la vraie carte en plastique), on va se ballader près du temple voisin et on fait la visite (si on peut appeler ça comme ça) d'un jardin (pendant certaines périodes c'est payant, pour voir des fleurs quand même). Retour aux guichets pour récupérer le précieux papier ; après avoir essayé de comprendre quelque chose au panneau qui semblait annoncer l'ordre de passage pour le guichet de retrait, on est passé dès que la place s'est libérée, y'a des trucs pas clairs quand même...

Retour à la banque, re-remplissage de formulaires (elle est longue cette adresse...), et on peut enfin avoir notre compte. Le moins qu'on puisse dire c'est que la guichetière n'a pas eu de pot de tomber sur nous. Finalement on est arrivé à l'ouverture de l'agence et on est reparti peut avant la fermeture. C'est long les formalités...