dimanche 13 avril 2008

Une journée chez Matsuda-san

Aujourd'hui on (un étudiant de l'ENSEIRB qui fait le stage avec moi, et moi) avait prévu d'aller à Ôhorikôen (大堀公園, kôen signifie parc) aujourd'hui. Mais finalement une fête prévue pour demain a été avancée pour des raisons météorologiques. Nous sommes donc parti de la résidence en groupe en début d'après-midi en direction de la résidence de Matsuda-san (san est un suffixe de politesse équivalent à Monsieur/Madame).
Vous ne savez pas qui est Matsuda-san... pour comprendre il faut que je vous parle un peu de la vie à la résidence, c'est l'occasion.

Le Jikyogakusha Kyûshû Dormitory est une résidence qui accueille beaucoup d'étrangers. Il y a pas mal de chambres mais elles sont loin d'être toutes occupées je pense (on ne voit pas beaucoup de têtes différentes). Pour les curieux, cette page donne des détails sur ce qu'il y a (avec photos à l'appui). Ce n'est pas le but de cet article donc je ne m'y attarde pas.
Il y a des Japonais, des Coréens, des Brésiliens, des Boliviens, ... et deux Français, les seuls à ne pas comprendre et parler le japonais couramment. Ça peut surprendre mais les Brésiliens et Boliviens sont d'origine japonaise et parlent donc la langue. Heureusement dans l'ensemble l'anglais suffit pour se comprendre.
Il y a aussi quelques jeunes, des habitués, qui ne logent pas ici mais qui viennent quand même parce qu'ils sympathisent avec les résidents qui se succèdent.

Et Matsuda-san dans l'histoire ? Lui aussi est un habitué de la résidence, à chaque fois qu'il y a une petite fête ou soirée d'organisée il rapporte une bouteille de vin (c'est un connaisseur). Des fêtes il y en a déjà eu quelques unes, j'en parlerai peut-être une autre fois, même si ça fait désordre que le récit ne soit pas chronologique...

Chez Matsuda-san, il y avait pas mal d'étrangers, surtout venant d'Amérique du Sud. Entre les Brésiliens, les Argentins et autres, ça parlait même parfois plus portugais ou espagnol que japonais. Chose rare (pour ne pas dire exceptionnelle), il y avait une personne qui pouvait parler français ! Il y a une collection impressionnante de pantoufles, largement suffisante pour tout le monde. Près de l'entrée (couverte de chaussures) on trouve même un petit meuble ou racker verticalement des paires de pantoufles, dans un style très japonais.
Tout le monde s'est réuni sur le toit pour un déjeuner mélangeant barbecue, paella, tacos, ... La petite table est vite totalement remplie, comme le montre la photo ci-dessous (où il ne reste plus grand chose à manger).


Mais ce n'est que le début du repas, des invités arrivent, d'autres partent, ça discute beaucoup. J'ai été plutôt agréablement surpris en constatant que j'arrivais tout de même à suivre certaines conversations en japonais. Même si ça reste modeste, ça fait plaisir. Après les spécialités plutôt sud-américaines (cuisinées par le maître de maison), des trucs plus japonais arrivent. Par exemple des petits bouts de pain avec du fromage, le tout frit. (Quand je vous disais qu'ils aimaient ça...) ; un alcool assez fort (style rhum) apporté par un Brésilien et placé dans une bouteille style jus de pomme en a surpris plus d'un(e). Une fois n'est pas coutume, j'ai eu l'occasion de tester des sucreries, notamment une sorte de crème blanche sucrée, avec une consistance étrange, et en portions très très petites, bizarre... Pas encore de dangos mais je me suis renseigné sur la question, les informations devraient bientôt arriver.
Je suis également content (si on peut dire ça) d'avoir eu l'occasion de goûter le produit en conserve coréen que avez déjà dû voir avec effroi au moment où vous lisez ces lignes.

Ce sont des larves de ver à soie. Il paraît que c'est bon pour la santé... j'espère bien, parce que ça n'est pas terrible comme goût. Ça n'est pas mauvais, mais ça n'a vraiment rien d'exceptionnel, je n'en mangerais pour le plaisir. C'est petit, ça craque quand on le croque et puis l'intérieur est tout effrité. Les Japonais aussi sont repoussés par ce genre de nourriture, on n'a pas été beaucoup à essayer.

La soirée se termine tranquillement, parmi ceux qui sont encore là on est quelques uns à regarder avec un film (heureusement, y'avait des sous-titres en anglais). C'est la première fois que je vois un home-cinéma dans une pièce si petite. Il y en a pour une fortune en matériel : vidéo-projecteur, son 5.1, ordinateurs, synthés, etc. Mais il n'y a plus place pour être bien placé devant l'écran et au milieu des enceintes. Seul ça doit aller, et encore...
On termine en grignotant un peu autour d'un kotatsu, une table entourée d'une couverture sous laquelle est placé un radiateur. On se met autour en tailleur, les pieds sous la couverture et on est bien au chaud. C'est bien agréable.

En plus de l'intérêt purement matériel d'avoir pu faire deux bons repas, ce fut une journée très intéressante d'un point de vue culturel. L'occasion de découvrir des plats qui ne seront jamais servis dans un restaurant, de voir comment ça se passe quand on est invité chez quelqu'un, la confrontation de plein de nationalités, ... et, encore et toujours, progresser un peu en japonais.