dimanche 25 mai 2008

Fukuoka Dome et Comic City

N'étant allé nulle part hier en raison de la météo, et n'ayant aucun endroit particulier à visiter, j'ai décidé de faire un tour du côté du Fukuoka Dômu (Dôme de Fukuoka), pour voir ledit dôme et me balader dans le coin. Il est situé à quelques minutes de là où je travaille (juste à l'ouest, après la rivière).
Le dôme est le (grand) stade de baseball de la ville, premier dôme à toit ouvrant du Japon, et qui abrite l'équipe locale à savoir les Hawks.
Suite au rachat de droits par Yahoo! Japan, le dôme a changé de nom pour devenir le Fukuoka Yafuu Domu (faut savoir que Yafuu est la transcription de Yahoo, on début on se demande ce que ce mot fait là), comme on peut le voir sur la photo.

En arrivant au pied de l'escalier, je trouvais qu'il y avait un peu de monde pour un simple stade ; et les matchs à cette heure-là, ça m'étonnerait. Après avoir gravi l'escalier je vois des masses de Japonais parqués dans des carrés entourés de barrières tandis qu'une personne annonce je ne sais quoi dans un mégaphone. Y s'passe un truc...



En regardant ce qu'il y a autour j'apprends (plus tard aidé d'une rapide recherche sur le net) qu'aujourd'hui est le jour de la 17e édition du Comic City de Fukuoka, une convention de dôjin (j'explique plus loin) qui se déroule plusieurs fois par an, dans plusieurs villes. N'ayant rien de prévu pour la journée, je décide de tenter l'expérience, ça pourrait être marrant. Bénéficiant de l'effet mouton couplé aux compétences exemplaires des Japonais en matière de files d'attente (longues mais rapides), je troque quelques modestes deniers contre un panfuretto (pamphlet), un genre de guide qui sert également de pass d'accès avec tout ce qu'il y a à savoir sur l'event : plan, disposition des stands, liste des cercles présents (y'a des noms qui en tiennent une couche), règles à suivre, règles à suivre, conseils pratiques et informations sur la sécurité, ... La convention est ouverte au public de 11h à 15h, j'ai trouvé ça restreint comme horaires, mais pour le visiteur ça suffit.


Maintenant un brin d'explication sur ce quoi porte la convention (je vais essayer de ne pas faire trop long). Comme vous devez le savoir, le Japon est gros producteur (et gros consommateur) de manga et d'anime (BD et dessins animés à la sauce nippone) ainsi que de jeux-vidéos (surtout certains genres, qu'on ne trouve parfois que là-bas). En plus des produits qu'on pourrait qualifier de commerciaux et qu'on peut trouver sur les étalages des magasins standards (ce qui s'exporte en Europe, entre autres), il existe un marché annexe alimenté par des amateurs. Ceux-ci produisent toute sortes de manga, de jeux (PC) et de livres d'illustrations, très souvent basés sur (ou dérivés de) produits commerciaux (mais de taille plus modeste). C'est comparable aux fan-fictions/fan-arts, mais plus général que ça. Le terme dôjin (同人) a évolué et désigne maintenant les productions des ces groupes, appelés des cercles).
C'est un moyen pour les artistes en herbe ou développeurs indépendants de se faire connaître, mais aussi de diffuser leurs produits sans avoir à lancer toute la mécanique commerciale. Il existe des magasins spécialisés dans ce genre de produits (par exemple Mandarake) et la vente sur Internet existe, mais les conventions restent un bon moyen de vendre ses produits (surtout quand débute). À noter que certains groupes sont plus célèbres que d'autres (vu la quantité, tout le monde n'a pas sa place dans les boutiques), voire carrément (très) connus (et deviennent parfois des entreprises à part entière).

Le stade est suffisamment grand, il y a la place qu'il faut pour circuler, et la pelouse moquette verte gomme les bruits de pas (et c'est agréable de marche dessus). Du coup, malgré ce qu'on pourrait penser (et un fond sonore discret), c'est calme. En se balladant à travers les stands d'environ 1 mètre chacun, classés par genre, on voit un peu de tout. Rarement des œuvres originales (c'est pas non plus une grosse convention) mais essentiellement des trucs basés sur des univers existants, avec les plus connus qui reviennent souvent et d'autres plus curieux (y'en a qui reprennent des jeux de rythme quand même). Au niveau de la qualité, y'en a qui se débrouillent clairement très bien, et d'autres qui font plus peine à voir.
En plus des livres d'illustration, jeux et compagnie on trouve aussi tout un tas de vêtements et accessoires pour poupées, fait main bien évidemment (les poupées ça m'étonnerait par contre), et aussi divers accessoires de déguisement à taille humaine. Tout ça intéresse fortement la gente féminine...

Côté public, c'est la tranche des 20-30 ans qui domine, avec autant de filles que de garçons, que ça soit devant ou derrière les stands (peut-être même plus de filles d'ailleurs). On voit néanmoins pas mal d'adultes plus âgés, parfois des couples avec un enfant, pas trop de jeunes adolescents par contre. Et puis bien sûr, je devais être le seul vrai blond présent. Je précise vrai, parce que des faux y'en avait, pas autant que des personnes à cheveux roses par contre.

Parce qu'en plus de la vente sur les stands, une des activités majeures du salon c'est le cosplay (pour ceux qui ne sauraient pas, ça consiste à se déguiser en un personnage de fiction, ça n'existe pas qu'au Japon). Qui dit cosplay dit bien sûr photos. Celles-ci n'étant pas autorisées sur les stands (les Japonais sont assez pointilleux sur le droit à l'image, etc.), tout le monde se rassemble dans la zone prévue à cet effet (à gauche sur la photo d'ensemble). Sur simple demande, les cosplayeurs sont ravis de poser pour qu'on puisse les prendre en photo : ça va du cliché déconne au téléphone portable aux photos en rafale avec du matériel professionnel style mannequin.
Au niveau des déguisements, il y a les séries populaires qu'on voit en plein d'exemplaires. Il y a les trucs très connus (à gauche, y'avait aussi un Jack Sparrow très réussi) et ceux qu'on préfère ne pas connaître (à droite, les candidats étaient nombreux).


Il y a quelques personnes qui portent un costume disponible dans le commerce, mais les vrais sont ceux qui font leur costume eux-même. Il sont plus ou moins bien réussis mais dans l'ensemble c'est ressemblant et bien réalisé (y'avait un type d'environ 40 ans avec un costume immonde, c'était bien ridicule). Attention toutefois habillé bizarrement n'implique pas être déguisé, ça c'est rapidement acquis au Japon ; mais plus trompeur, la réciproque est fausse : y'en a ça se limite à un t-Shirt bien choisi ou à un uniforme très proche de ce qu'on peut voir tous les jours.
Un point important c'est la pose. Pour certains c'est une pose toute bête, pour d'autres (et/ou sur demande du photographe) il y a des photos de groupe avec mise en scène voire accessoires divers : les cosplayers étant souvent en groupes, il y a possibilité de faire des photos avec plusieurs personnages du même univers. Il y a la pose debout classique, la pose mise en scène, la pose (plus ou moins) comme dans la série, ...
Le modèle


Ce qui est amusant à voir ça n'est pas tellement les cosplayeurs eux-mêmes : même si c'est plus sympa de voir ça en vrai, on peut trouver toutes les photos qu'on veut (ou pas) sur Internet ; c'est surtout l'ambiance qui règne : ça rigole, ça discute (non pas moi, j'étais tout seul et j'ai pas le niveau, y aller à plusieurs ça doit être plus marrant), ça commente, etc. On sent que (comme pour le dontaku) les Japonais présents aiment bien se déguiser, c'est un bon prétexte pour s'amuser. Ils aiment également beaucoup prendre des photos avec des poses pour délirer, alors ça forcément ça y va fort. Ça créée parfois des mouvements de masse où tout le monde se rassemble, plus ou moins en se jetant l'un sur l'autre, tout en rigolant, comme sur la photo ci-dessous. (Ce qu'on ne voit pas c'est que par terre, hors du cadre, il y a une trentaine d'appareils amassés, pour que chacun ait sa photo.)



Quand l'événement touche à sa fin, tout le monde rassemble ses petites affaires, ce qu'il reste (ou pas) sur son stand, une longue queue se forme devant les vestiaires, les gros acheteurs rassemblent leurs récentes acquisitions dans des cartons pour qu'ils soient envoyés directement chez eux par l'entreprise proposant ses services de livraison... C'est l'heure de rentrer, un peu fatigué.
Tout s'est déroulé très gentiment, dans une bonne ambiance, sans avoir besoin de tout un service d'ordre ou je ne sais pas quoi. Ce qu'il est amusant de remarquer c'est que contrairement aux événements similaires approchants qui ont lieu en France (comme la JapanExpo), les deux seuls (petits) stands professionnels qu'il y avait vendaient des ramettes de papier et du matériel informatique pour dessiner. On pourrait dire que seule la logistique est assurée par des professionnels, tout le reste est animé et construit par les participants.