dimanche 4 mai 2008

Hakata Dontaku

Ce week end était celui du Hakata Dontaku (博多どんたく), un célèbre événement qui se déroule à Fukuoka chaque année. Et si je n'ai pas pu être présent à la coupe de France de robotique qui se te tenait également ce week-end, en tant que membre d'Eirbot, pour faire du bruit et passer de bons moments, j'ai tout de même pu bien m'amuser. Y'avait aussi du bruit, une mascotte abeille, un lapin rose et des pom pom girls ; il manquait juste des robots et du Nutella.


Matsuri, animations, stands

Avant d'entrer dans le cœur du dontaku, parlons un peu de ce qu'il y a autour... En japonais matsuri (祭り) signifie festival ou fête, on lui ajoute souvent le préfixe honorifique o (お). À chaque matsuri on a droit à divers stands vendant notamment de la nourriture, et des stands de jeu. On trouve toujours le même genre de choses.
Côté nourriture, beaucoup de takoyaki (boules de poulpe frites) et brochettes du genre, de la glace pilée avec du sirop de fruit dessus, des fruits (gros raisin, pommes) entourées d'une grosse couche de sirop durci, ... (toujours pas de dango (団子), malheureusement). Parmi les autres stands on voit pas mal avec des Wii, des DS, des PSP et les jeux qui vont avec, parfois accompagnés de modèles (réalistes) d'armes à feux. Moi aussi ça m'a surpris, surtout qu'au début je pensais que c'était à vendre, mais en fait il s'agit d'une sorte de loterie (on tire un ticket et on a un lot), sauf que y'a que ce genre de lots à chaque fois. Côté jeux y'a pas des masses de trucs : poissons rouges à attraper avec un petit filet (qui se déchire si on y va comme un bourrin), jeu de tir (de très prêt) à la carabine où il faut abattre un lot pour le remporter. D'autres stands proposent des produits divers : petits accessoires, peluches, ... Il y avait aussi deux ou trois stands qui vendaient... des insectes, et y'avait des clients.




Plusieurs animations avaient lieu, notamment aux endroits (parcs entre autres) où il y avait des stands. Des scènes étaient installées et des groupes de danseurs et musiciens, enfants et adultes, se succédaient. Ça allait du spectacle scolaire au joueurs de taiko en passant par les danses de geishas (note : ce ne sont pas des geishas avec maquillage en général, ça reste plus simple, mais j'emploierai ce terme parce que c'est pratique d'en avoir un), pas toujours très motivant mais toujours très motivés. Les taiko sont des tambours de tailles diverses (souvent assez gros), chaque groupe est composés de plusieurs personnes et de tambours différents. En plus du rythme et des variations entre les musiciens, les joueurs frappent soit au centre, sur sur le bord du tambour pour un son plus aigu et plus rapide (je n'apprends rien aux joueurs de Taiko: Drum Master).
Pour les groupes de danse, il y a en de plusieurs types différents. On notera notamment des groupes assez nombreux, en costume, avec des danses très dynamiques. Ils devaient avoir chaud, parce que le soleil tapait souvent fort (j'ai pris mes premiers coups de soleil). Dans le genre plus calme et plus lent il y a les groupes de danseuses avec la panoplie traditionnelle complète : kimono à grandes manches + ôbi (large ceinture) + zôri (les sandales, mais pas celles en bois) + tabi (les chaussettes qui vont avec), chapeau avec des (faux) pétales de cerisiers éventail et/ou ombrelle et/ou (fausses) branches cerisiers en fleurs. Le tout est très coloré, les couleurs sont vraiment vives.
Pour la musique qui accompagne, il y a un peu de tout, même pour les groupes de danse traditionnelle. La seule constante doit l'enka pour les geishas, même s'il est parfois modernisé (rassure-toi JD, on est encore très loin de Jero, et y'a pas de djeunz à casquette).
Une fois comme intermède, on a eu droit à la petite Dareka, tel âge, habillée comme-ça a perdu sa môman. On a aussi vu des gens qui distribuaient des sacs poubelles et une pince, faisant appel au sens civique de chacun pour ramasser les déchets qui traîneraient par terre (faut dire que les rares poubelles sont vite pleines lors de tels événements).




Dontaku, cortège haut en couleurs

Ce qui fait l'événement ce sont bien sûr les dontaku, une parade dans laquelle défile toutes sortes de groupes. L'événement est de grande ampleur : pendant plus de 10 heures réparties sur deux jours, près de 150 groupes différents se succèdent (d'après le guide, certains étant là les deux jours) soit plus de 10000 personnes (d'après une estimation personnelle, ça pourrait être beaucoup plus).

Le dontaku tombe pendant la Golden Week et attire de l'extérieur de Fukuoka, les rues sont pleines de monde, ce qui demande donc une bonne organisation. À mon humble avis, l'événement n'aurait pas été aussi agréable sans ça. On peut bien sûr compter sur l'auto-discipline des Japonais : même sans barrières, pas une seule personne n'empiète sur la route où les groupes défilent. Entre chaque groupe, les gens en profitent pour traverser, dirigés par quelques policiers. Pour ce qui est de voir, on apprécie vraiment d'être plus grand que la moyenne. Même si parfois c'est assez serré, il y a toujours la place de passer sur les trottoirs noirs de monde, que ça soit à pieds ou en fauteuil roulant : les gentils policiers, équipés de panneaux adaptés, gèrent la circulation... des piétons. J'ai tout de même vu un incident : une femme à vélo qui voulait avancer alors que ça n'était pas son tour (elle ne voulait pas écouter le gentil monsieur, la vilaine) ; quatre policiers sont arrivés immédiatement on ne sait trop comment (téléportation ?) pour la bloquer de manière très efficace et sans aucun contact physique. L'incident n'a pas duré plus de 30 secondes tout compris, les policiers et la responsable ont disparu aussi vite qu'ils étaient arrivés, j'étais soufflé.

Le gros point fort des dontaku c'est leur très grande variété : ça va des groupes professionnels aux associations de quartier en passant par les fanfares étudiantes et les entreprises de toutes tailles. En plus des personnes, la plupart du temps il y a un char décoré, traditionnellement tiré/poussé (en pratique beaucoup de fourgonnettes). On a aussi droit à des drapeaux, des ballons, des mascottes, etc. Tout est toujours très coloré, on en a plein les yeux et ça donne du dynamisme et de la gaieté à l'ensemble. On n'hésite pas à sortir le cyan flashy, le orange fluo, le vert vif. (Par contre pour faire des photos pas floues, c'est dur, vous m'excuserez. Surtout que mon appareil est lâchement tombé à court de batterie sans prévenir, le vil.)
Bien que très variés, les groupes sont tout de même rassemblés en diverses catégories, voici une liste de ce qu'on peut voir, avec plus ou moins de détails.

  • Les institutions publiques ou privées (police, pompiers, scouts, ...), souvent des fanfares avec des majorettes.
  • Les groupes scolaires, essentiellement lycées (et certainement chers, payant ils le sont tous), avec costumes et fanfares. Et y'a pas juste deux trois élèves avec : ce sont des vraies fanfares de plus de 50 personnes avec instruments et majorettes.
  • Quelques hana-jidosha (花自動車, littéralement automobile fleurie), des petits camions décorés de dessins et de fleurs avec plein d'ampoules dessus. Ça a l'air d'être un des éléments clé du festival, mais en réalité ça n'était pas si génial que ça (en plus y'a en pas beaucoup), parmi les chars des groupes de gens, y'en a des bien plus sympa à voir.
  • Les groupes de danseurs (ou cercles comme ils les appellent) dont la finalité est le dontaku, parmi lesquels on retrouve ceux qu'on voyait aux différentes animations. Il y a beaucoup de groupes de femmes en kimono (avec accessoires) mais on en voit aussi pas mal d'autres, par exemple avec des masques comiques et faisant des danses plus diversifiées (les kimono de femmes ça limite les mouvements).
  • Les groupes étrangers ou en rapport avec des pays ou préfectures différents : Brésiliens, tambours d'Okinawa, groupe Amérique et country, ...
  • Les associations et entreprises diverses, parfois en rapport avec la danse et parfois non. Ça peut aller de la grosse boîte (branche ouest de Coca-Cola au Japon) à l'hôpital du coin, d'un/club association de musique et danse au centre de remise en forme, en passant par l'association de soutien d'un quartier de Fukuoka.




Les groupes ne se content pas de marcher : chaque groupe a sa (ou ses) chorégraphie(s) et accompagnée de musique (là encore, c'est très varié, même si y'en a une traditionnelle qui revenait très souvent). La performance des groupes est évidemment très variable (autant du point de vue de la qualité de réalisation que de l'originalité) : les groupes de danse ou les fanfares se débrouillent mieux que les employés du centre de remise en forme pour personnes âgées. En revanche, chaque groupe avait au moins son costume pour afficher son identité. Pour faire du son, en plus des instruments classiques, des froufrous des pom pom girls, des mégaphones, amplis et autres appareils modernes, il y a des sortes de crécelles et surtout des espèces de spatules en bois (les mêmes que pour servir le riz semble-t-il) qu'on frappe l'une contre l'autre. Quand 50 personnes le font en même temps ça s'entend.

Au niveau des intervenants, là encore c'est très varié, même si dans l'ensemble on constate qu'il y a beaucoup plus de femmes que d'hommes (ce qui peut se comprendre, les hommes sont sûrement moins attirés par les groupes de dontaku). Parfois on voit un majorette ou un pom pom boy (?) perdu au milieu d'un groupe exclusivement féminin, ça fait sourire. Pour ce qui est de l'âge, il y a vraiment de tout partout. Il y a pas mal de majorettes de 4 ou 5 ans et les groupes de geishas comptent beaucoup de femmes âgées (évaluer l'âge des gens c'est pas mon fort, mais je dirais au moins 60 ans pour les plus âgées). Dans les groupes d'entreprises ou d'associations, tous les employés sont là, avec parfois leurs enfants, qu'ils soient jeunes ou vieux, à pieds ou en fauteuil roulant.
Un autre truc qui marque, c'est qu'à part quelques personnes un peu fatiguées par les 1200 mètres (de mémoire) du trajet, les gens qui défilent ont vraiment l'air de s'amuser, la joie est sur les visages. La plupart sont également sur-motivés et ont de l'énergie à revendre. Et là encore, ça concerne tous les groupes et toutes les tranches d'âge. On sent qu'ils aiment ça les Japonais : se déguiser, défiler, danser.



Ces deux jours, bien qu'un peu fatiguants étaient vraiment sympa. C'était tellement varié (je me répète) qu'on n'avait pas de quoi s'ennuyer. Les couleurs, les sons, la joie que montrent les personnes du cortège font que quand on repart, on est de bonne humeur (sauf peut-être quand on est un vieux grincheux).