jeudi 3 juillet 2008

À bicyclette

Ça fait longtemps que j'ai prévu d'en parler, et même si y'a pas grand chose à dire j'y vais. Cet article est bien entendu dédié à notre réac national pour qui [url=http://www.pierrequiroule.net/blog/2007/08/06/on-finira-tous-a-velo/]on finira tous à vélo[/url]. En tous cas les Japonais ça fait longtemps qu'il s'y sont mis. Vélo se dit 自転車 (jitensha) qui ressemble beaucoup à 自動車 (jidôsha) qui signifie automobile ; si on regarde les kanji : 自 = soi-même, 転 = rouler/tourner, 車 = véhicule et 動 = bouger, un vélo est donc un véhicule qu'on fait rouler soi-même alors qu'une voiture est un véhicule qui bouge tout seul (automatique).
Alors qu'on voit relativement peu de scooters ou de motos (on en entend surtout, des gougnafiers qui font pétarader leur engin y'en a aussi, malheureusement), des vélos on en croise énormément. Quelles sortes de machines ? Principalement des vélos de ville avec pneus plats, garde-boue et très souvent un porte-bagages et/ou un panier à l'avant. On voit aussi quelques petits vélos à haut guidon et petites roues. Les modèles type VTT (guidon droit et pneus crantés) sont plus rares, alors qu'en France on voit surtout de ça. Et qui roule à vélo ? Tout le monde : ça va des collégiens sur le chemin de l'école à la mamie qui va faire ses courses en passant par le salary-man de retour du bureau.

Forcément, il faut de quoi parquer tous ces vélos. Toutes les écoles, résidences, gares et autres ont leur garage à vélo dédié, mais ça ne suffit pas. Il n'est pas rare de voir des parkings sauvages s'installer à divers endroits, par exemple à la sortie des stations de métro. Parfois (j'ai entendu ça ce matin en fait) une camionnette passe en diffusant un message comme quoi la fourrière passe bientôt (sous-entendu : les gens sont vivement invités à récupérer leur véhicule).
Le Japon étant un pays ayant un des taux les plus faibles de vol/insécurité/criminalité, il n'est pas rare de voir des vélos (ou même des scooters) sans aucune protection. Parfois y'a un cadenas mais il reste sur le guidon. En tout cas vous ne verrez pas de roue attachée à un poteau sans le cadre qui va avec ou de personne emporter sa selle avec lui de peur qu'on la lui vole.
Sur la photo ci-dessous, un exemple caractéristique de parking sauvage de vélos. Le bâtiment sur la droite c'est le dôme de Fukuoka, et c'est jour de match ; donc fatalement, des masses de gens parquent leur deux-roues aux alentours. On ne voit qu'une petite partie mais il faut bien imaginer que c'est comme ça tout autour du dôme.



Et maintenant, un petit point sur la sécurité. En France les vélos sont considérés comme des véhicules et roulent donc sur la route. Au Japon, ils roulent sur le trottoir ; il faut dire qu'ils ne feraient pas long feu au milieu des voitures, quand on voit la conduite des Japonais. Il n'y a pas de pistes cyclables ou de voies réservées sur les trottoirs (ou alors c'est vraiment très rare), parfois les passages cloutés délimitent une bande pour les vélos qui est gentiment ignorée. Car oui, les vélos roulent au milieu des piétons, si bien que le danger d'un vélo face à une voiture est déporté au danger d'un piéton face à un vélo. Coup de guidon au dernier moment, freinage brusque à un mètre, ... les cyclistes sont guère meilleurs que les automobilistes. En plus, j'ignore pourquoi, mais le plus souvent les freins font un bruit à côté duquel le crissement d'un bout de métal sur un tableau noir est une douce mélodie : vous êtes content de ne pas avoir été écrasé mais vos oreilles s'en souviennent.
Quand il pleut, la plupart des cyclistes déploient leur parapluie. Bizarrement il n'y a pas de collisions, malgré la conduite à une main. On sait tous que le téléphone au volant c'est mal... mais les Japonais, le téléphone au guidon ça ne les gêne pas. Bien entendu, les cyclistes expérimentés maîtrisent le combo parapluie + téléphone portable... C'est pas fait pour rassurer le piéton tout ça.
Le vélo peut également se transformer en transport en commun : le porte-bagage prend alors toute son importance, permettant d'accueillir un passager. Quand y'a trois personnes sur un vélo, c'est plus folklorique, et on a de la peine pour celui qui pédale. Dans la section deux-roues surpeuplés, mention spéciale au scooter monoplace roulant (alors que la nuit est déjà tombée) avec quatre passagers : le conducteur, un passager partageant la selle avec lui, une troisième personne placée entre le guidon et le conducteur et un dernier accroché au guidon, dos à la route (et qui ne verra donc pas le mur approcher)... et ils n'avaient pas tous leur casque (comme c'est étrange).
Bref, c'est pas super rassurant tout ça. Pour l'instant je n'ai pas vu d'accident mais plusieurs fois ça n'est pas passé loin.


Un week-end, quand la saison des pluies sera passée, j'irai bien essayer de louer un vélo ou en acheter un d'occasion (c'est pas cher) pour me balader aux alentours de Kashii, côté campagne. C'est plus sympa que de juste voyager en train, et à pieds on ne peut pas aller très loin. Reste plus qu'à savoir où trouver ça...