vendredi 27 juin 2008

Blé, thunes, flouze et pépettes

Parce que l'argent c'est quelque chose d'important, intéressons-nous à des considérations plus matérielles que d'habitude, parlons pognon.
Je suppose que chacun sait que la monnaie japonaise est le yen que nous notons en utilisant le symbole ¥. Sur place ça ne vous servira à rien de savoir ça puisqu'en japonais ça ne se dit pas yen mais en et que ça se note avec le kanji 円 (et rarement avec le symbole européen), l'argent s'écrivant お金 (okane, le o étant honorifique). Actuellement l'euro est à 168,951 yens ; il a gagné une dizaine de yens depuis que je suis arrivé et le taux normal (compte tenu du coût de la vie, etc.) tournerait plutôt autour de 150 yens pour 1 euro.

Toujours dans les notations, il est bon de savoir que contrairement aux langues européennes qui découpe les nombres par puissances de 1000, le japonais découpe par puissances de 10000. Quelques détails pour bien comprendre : en français on a un, dix, cent, mille, puis on réutilise les mêmes mots (dix mille, cent mille) en en introduisant un nouveau au bout de trois (million, milliard) ; en japonais on a 一 (1), 十 (10), 百 (100), 千 (1000) et 万 (10000), et quatre zéros plus loin 億 (1 million). Ça paraît idiot comme ça, mais ça a quelques conséquences sur l'affichages des nombres : il faut faire gaffe à ne pas zapper un zéro en pensant voir un groupe de trois. Ceci dit, le découpage par groupe de trois et majoritairement utilisé, mais il faut tout de même faire attention. Il est également bien de connaître le kanji pour 10000 (万) vu qu'il est assez souvent utilisé pour éviter d'avoir à marquer trop de zéros.

Intéressons-nous maintenant aux pièces. Ceux qui ont déjà joué à Money Idol Exchanger reconnaîtront. Dans le sens de lecture : 1, 5, 10, 100 et 500 yens.

Pièce de 1 yen Pièce de 5 yens Pièce de 10 yens Pièce de 50 yens Pièce de 100 yens Pièce de 500 yens

On notera que la valeur faciale est toujours indiquée au moins en kanji et que la date utilise le système d'années basée sur le règne des empereurs. Pas grand chose à dire de plus, sinon que les pièces s'usent vite (la faute au matériau), et qu'on n'aime pas avoir des pièces de 1 et 5 yens (pièces non gérées par les automates), enfin comme d'habitude avec la menue monnaie. Les pièces sont plus légères et plus fines qu'en France. La plus utilisée est sans nul doute celle de 100 yens (avec ses jolies fleurs de cerisier).

Les billets maintenant. Vous avez dû remarquer que les japonais avaient moins de pièces que nous. Pour les billets c'est plus flagrant. Il n'y en a que trois de 1000, 5000 et 10000 (1万, ichiman). Contrairement aux automates qu'on a chez nous, au Japon tous acceptent les billets, au moins ceux de 1000 (qui valent néanmoins plus que nos billets de 5 euros). C'est bien pratique quand on n'a pas de monnaie sur soi. À ce propos, si vous avez besoin de pièces de 100 yens ou de changer un billet de 10000, les salles de jeu disposent de changeurs, ça peut être pratique.
Quand je vous ai dis que y'avait que trois billets, ça n'est pas tout à fait exact. Il existe en effet le légendaire billet de 2000 yens. Pas légendaire parce qu'il est vieux, mais parce qu'on n'en voit jamais. Pour vous donner une idée, j'ai appris son existence par les Français avec qui je travaille ; je n'en ai vu qu'une seule fois, c'était un habitué de la résidence qui revenait de son chez lui à Okinawa et qui a créé la surprise : certains des résidents ne savaient même pas que ça existait et pour beaucoup c'était la première fois qu'ils en voyaient un. Inutile de dire qu'il n'est pas supporté du tout par les automates.

Pour ce qui est des habitudes liées à l'argent, les Japonais utilisent très peu les cartes de paiement et je n'ai pas encore vu de chèque, tout se fait en liquide. Il n'est pas du tout anormal d'acheter sa voiture en liquide par exemple. Le billet de valeur la plus élevée n'atteignant même pas les 70€, ça peut vite donner un côté film de mafieux avec la valise remplie de billets. Le Japon étant un des pays les plus sûrs (au niveau des vols, etc.) ça n'est pas aussi dangereux qu'en France de se balader avec une grosse somme sur soi.
Au niveau des distributeurs, c'est, disons-le tout suite, pourri. Je l'avais déjà dit, mais au Japon ils ne sont pas ouverts 24h/24, ils ferment assez tôt le soir et à partir d'une certaine heure ainsi que le week-end on a droit à des frais de 100 yens (plus 5 de taxes). Pas cool. Et pour retirer depuis un compte étranger, il faut réussir à trouver une machine qui accepte votre carte, ce qui n'est pas gagné d'avance. Si vous envisagez un voyage au Japon, n'hésitez pas à emporter du liquide (japonais bien sûr) avec vous.

Il existe un autre moyen de paiement, pour les trucs du style facture (téléphone, autres paiements réguliers, ...) : le paiement par combini. Suite aux problèmes qu'avait le fournisseur Internet avec les coordonnées de mon compte bancaire, j'ai effectué mon premier paiement via ce système, et je dois dire que c'est très pratique. Vous recevez par la poste un petit carton que vous ouvrez/détachez pour voir l'équivalent de la facture (y'a tout : le détail, la date limite, ...). Il ne vous reste plus qu'à vous rendre dans un combini, sachant qu'il y en a partout et qu'ils ne ferment que tard dans la nuit (voire pas du tout), ça peut se faire à tout heure de la journée, mais le soir après être rentré tard du boulot. Vous remettez votre petit carton à l'employé ainsi que le montant du paiement. Après vous avoir rendu la monnaie, il vous demande d'attendre (au cas où vous auriez eu envie de partir tout de suite), tamponne deux fois avec l'inkan du magasin et découpe la partie du carton avec le reçu pour vous la remettre. C'est rapide, ultra-simple (même pas la peine de comprendre un mot de japonais), efficace... tout l'opposé des banques locales en gros. Ça serait bien pratique d'avoir l'équivalent en France (sauf qu'il faudrait déjà les combini).

Dans les magasins, la procédure de paiement et remise de la monnaie (おつり, otsuri) est toujours la même, que ça soit dans un supermarché, un grand magasin ou un restaurant où l'échange se fait sans comptoir. Le vendeur/caissier/autre attend bien sagement que vous ayez fini de fouiller dans votre porte-monnaie avant de prendre l'argent que vous avez déposé. Puis il vous dit/rappelle la somme que vous venez de donner (~円から, ~ en kara), vous annonce combien il doit vous rendre (~円お返しです, ~ en okaeshi desu), recompte devant vous les éventuels billets qu'il a à vous rendre avant de terminer par les pièces.

La première fois, pour retirer de l'argent de son compte japonais via un automate, c'est pas trivial. Heureusement si on connaît au moins les kanji 出 et 入 (ultra courants) utilisés pour dire déposer et retirer, on arrive à trouver le bouton correspondant. Sur l'écran (tactile) d'accueil il y a tout un tas d'autres boutons dont je ne connais pas la signification. En pianotant au feeling et en regardant comment réagissait la machine, j'ai tout de même réussi à faire mettre à jour mon livret bancaire (avec les différentes opérations effectuées sur le compte) ; il faut l'insérer dans le bon sens, à la bonne page... tout un programme. Certains distributeurs permettent de choisir combien de chaque type de billet on veut, c'est pas très utile au Japon mais c'est appréciable quand même. Bien entendu, tout au long de ses démarches le client est guidé par une voix ; et à la fin, en plus du remerciement vocal, on a droit à un petit dessin animé d'une guichetière bien droite qui fait une courbette. On n'est pas prêts de voir ça en France.


Je ne suis pas ultra riche, mais étant rémunéré j'ai tout de même quelques économies. Et au vu de la conjoncture économique, il vaut mieux que je dépense ça au Japon qu'en France. Reste plus qu'à voir quoi acheter...