dimanche 24 août 2008

Un week-end à Kumamoto

Ce week-end, j'ai quitté pour la première fois la préfecture de Fukuoka pour aller visiter la ville de Kumamoto (熊本), capitale de la préfecture du même nom située au sud de Fukuoka. Nous partîmes 4 (trois français et un Japonais) de Tenjin et nous nous vîmes toujours 4 en arrivant à la gare de bus de Kumamoto 2 heures plus tard. Première impression : pas de doute, c'est une ville japonaise. On n'a pas erré en la ville, mais la traversée de la grande galerie et de quelques rues voisines ont suffit pour se faire une idée.


Première étape du parcours : l'ancienne maison de l'ancien maire de la ville. C'est une résidence traditionnelle, comprendre avec des tatamis (et on se déchausse à l'entrée), des portes et murs qui coulissent, des murs fins avec une armature en bois, des passages entre les pièces où il faut baisser la tête... et du vide, comme le montre très bien la photo de gauche. Il faut le dire : les pièces ne sont pas très remplies, et en plus c'est peu éclairé. Comme ça n'apparaît pas sur les photos, le symbole du clan auquel appartenait monsieur le maire revient régulièrement, et pas que dans sa maison (on le voit dans d'autres lieux, sur les monuments, ...). La visite permet de voir quelques éléments de la vie des gens aisés de l'époque, mais pas trop quand même : vu que c'est plutôt vide, la visite c'est surtout pour l'ambiance.



Pour la suite, c'est juste à côté, visite du château de Kumamoto (熊本城, Kumamoto-jô), le lieu touristique numéro 1 du secteur. J'avais déjà très vaguement évoqué les ruines du château de Ôhorikôen, mais ça mérite un peu plus d'explications. En Europe on a deux grands types de châteaux : les imposants châteaux forts qui sont là pour les guerres de courtoisie entre voisins et les luxueux châteaux style Versailles qui sont là pour frimer auprès des voisins, en toute courtoisie également, et aux frais du contribuable. Au Japon ce sont des châteaux sérieux, ceux où se te tape dessus. Toutefois l'approche est différente... elle est beaucoup plus longue. La partie principale est bâtie sur une colline et protégée par des enceintes successives dont les murs sont inclinés comme il faut pour pas que l'ennemi puisse l'escalader. Le but de l'assaillant c'est de faire tomber ces barrières une par une. Le but du défenseur... c'est de l'en empêcher. Du coup, en plus d'être en pente, le chemin est plus ou moins labyrinthique et surtout long : les châteaux sont très étendus et pour arriver en haut y a du chemin.

Pour protéger tout ça, on ajoute des remparts et des tours, le tout équipés de meurtrières, ouvertures pour balancer des cochonneries sur ceux qui voudraient escalader, etc. Là où ça fait moins sérieux c'est que quasiment tout est en bois. Donc avec un bon canon ou quelques flèches enflammées y a de quoi faire des ravages. C'est d'ailleurs ce qui arrivait : le château a été reconstruit plusieurs fois au cours de son histoire, plus ou moins partiellement. Sur la photo de gauche on peut voir deux tours : une petite à gauche et la tour principale (l'équivalent du donjon) à droite. Sur la photo de droite, une vue du haut de la tour principale qui donne une idée de l'étendue du château. On remarquera l'important brouillard (il pleuvait ce jour là) et les spots-à-la-con allumés le soir qui t'explosent les yeux (bon, ok, de l'extérieur ça fait pas mal).



Le château possède plusieurs parties à visiter. D'abord il y a une des tours d'enceinte. Y a rien dedans à part du noir et on fait juste monter après avoir pris soin de se déchausser à l'entrée (comme quasiment partout en fait). Dans la tour principale là il y a plus de trucs. Des ribambelles de noms de généreux donateurs sur des petites plaquettes de bois alignées, des objets de l'époque, des maquettes, des photos d'autres châteaux japonais, ... et une vue en haut. La dernière partie remarquable est une section du château restaurée en utilisant les méthodes de l'époque mais avec du matériau neuf, permettant ainsi d'avoir une idée de comment c'était à l'époque. En fait c'est plus une reconstruction qu'une restauration vu que la section entière a totalement brûlé je ne sais plus quand. C'est amusant parce que comparé à la tour d'enceinte qui fait plus que vieillot, on a quelque chose qui sent encore le neuf, bien éclairé, etc. On a l'occasion de voir différentes salles (notamment la cuisine) ainsi que des peintures/fresques en train d'être faites (la restauration n'est pas totalement achevée).


Pour le dîner, c'était une soirée très sympathique accompagnés d'une connaissance japonaise d'un des Français dans un izakaya (居酒屋). Je n'avais pas évoqué le nom, mais c'est le type de restaurant où on va pour les nomikai. On sert une série de plats collectifs, avec des trucs un peu chic genre sashimi, et chacun pioche dedans. Après une nuit à l'hôtel (y'a des drama bizarres à la télé le samedi soir...) et un petit déjeuner japonais avec soupe miso, onigiri (boulettes de riz) et thé, on refait un petit passage par la résidence du maire pour récupérer un parapluie oublié. Finalement c'était pas une mauvaise idée cet oubli vu que contrairement à la veille, il faisait beau : plus agréable et mieux pour les photos.

Ensuite on prend le tram hyper archaïque de la ville, avec un quai qui ne doit pas faire plus de 75 cm de large (difficile de s'éloigner de la bordure du quai), pour se rendre dans le jardin japonais de Suizenji (水前寺) avec son temple, son lac, sa verdure et ses boutiques souvenirs. Rien de très exceptionnel, c'est surtout une occasion de se promener. Près du temple il y avait un genre d'autel curieux, avec des statuettes de chats et des pièces alignées sur le devant. Je ne sais pas quel est le but, mais c'était la première fois que je voyais ça.


Après s'être baladés, c'est l'heure de déjeuner. Au menu : donburi (丼), un gros bol de riz avec des trucs dedans (œuf, viande, ...). Dans celui que j'ai pris il y avait un poisson proche de l'unagi et tout aussi bon. Dans un des autres menus on avait droit à une petite coupelle comportant des œufs d'un poisson quelconque et dont je ne suis pas très fan et surtout une espèce de pâte verte gluante. Ils aiment bien les trucs gluants au Japon. C'est pas forcément mauvais mais ça reste spécial ; et quand on prend ça avec ses baguettes on peut observer les propriétés physiques particulières de la chose. En général, c'est difficilement descriptible alors on se contente de dire que ça a le goût de ce à quoi ça ressemble, un truc gluant vert.
Ensuite c'est l'heure de rentrer à Fukuoka. Avant de prendre le bus, on achète comme il se doit des omiage (お見上げ), des sucreries/gâteaux/petits trucs à manger qu'on distribue aux collègues et connaissances après être revenu de voyage. C'est vraiment un truc ancré dans la culture japonaise. Il faut savoir que ça s'achète souvent au dernier moment : les gares et terminaux de bus ont toujours quelques boutiques dédiées.


Pour conclure : c'était un week-end sympathique et agréable. Par contre les lieux de visite ne sont pas toujours très remplis. C'est le petit côté contemplatif japonais...