lundi 16 juin 2008

Musique

J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer quelques éléments de la musique japonaise dans les sujets précédents, cette fois-ci c'est le sujet du jour. Ne connaissant rien à la musique japonaise traditionnelle (passés les taiko et l'enka non contemporain), je n'en parlerai pas. Je me limiterai à ce qu'on peut entendre actuellement, en me basant sur ma vie au Japon, mes nombreuses heures passées sur StepMania, ce que j'ai appris via Internet et ma culture personnelle en général (afin de vous mettre quelques liens).

Comme partout, la musique (dans la langue : 音楽, ongaku, formé de son et de agréable/plaisant) prend une place importante dans la société japonaise, notamment chez les jeunes. Le Japon n'a évidemment pas la même culture musicale que l'Europe (son occidentalisation n'a commencé qu'à partir de la fin du XIXe siècle). Le retard a bien sûr été comblé depuis et les Japonais ont maintenant accès à l'ensemble des grands classiques occidentaux (plus ou moins récents). Ils ont également des artistes représentant les différents styles de musique existants, etc. Le but étant de présenter la musique japonaise, je traiterai ce qui la différencie des autres.


Jeu

Avant de commencer, un petit jeu : saurez-vous associer chaque musique au lieu où je l'ai entendue ?
Les réponses sont disponibles à la fin de l'article.

Les musiques (un peu de tout : y'a du connu... ou pas, du japonais... ou pas).

  1. オー・ツー (O2), qui sert de générique à un anime à succès.
  2. Divers tubes américains célèbres des années 80.
  3. Le thème d'Indiana Jones.
  4. Les Morning Musume (morceau pris au pif).
  5. Remix non rock de 世界はそれを愛と呼ぶんだぜ.
  6. 海雪 (Mer de neige) par Jero, le rappeur américain.
  7. Un remix techno de la célèbre Ievan Polkka.
  8. Une version instrumentale de Eyes on Me tirée du jeu Final Fantasy VIII.
  9. Une version instrumentale de The Sounds of Silence.


Les lieux (chacun peut servir plusieurs fois, histoire de rendre ça plus intéressant).
  • Mandarake, un magasin consacré aux manga, anime et jeux-vidéo.
  • Ce restaurant, dont le thème est la nostalgie (indice).
  • Hallo Day, le supermarché où je vais faire mes courses.
  • Le restaurant Hamakatsu, un peu plus classe que la moyenne (et plus de personnes âgées aussi).
  • Une station de métro.
  • Un autre restaurant donc je n'ai pas parlé.
  • Une salle d'arcade de Kashii.



Enka, J-pop, musique étrangère

L'enka (演歌) est un style musical que j'avais rapidement évoqué. Le terme est également assez vague, et peut désigner des styles un peu différents. C'est une musique populaire, plutôt ancienne (début du XXe siècle) et surtout plus douce. En gros ce sont les lentes chansons romantiques qui parlent d'amour, de cerisiers en fleur, etc. Chanter de l'enka en kimono c'est évidemment plus mieux.

Le terme J-pop (japanese pop) désigne la musique japonaise populaire. C'est un terme très général et on y case l'essentiel de la musique moderne qui bouge un peu, notamment le J-rock (japanese rock, qui n'avait pas deviné ?). De ce fait, c'est aussi le style de musique qu'on entend le plus. Pour la petite histoire, les termes J-Rock, J-Pop, J-Music et Visual Kei (un autre dérivé japonais) sont depuis quelques mois des marques déposées en France (du grand n'importe quoi).
Je n'ai pas de morceau particulier à vous donner, le plus simple c'est de faire une recherche et de piocher dans ce qui sort, ça donnera un bon aperçu. Pour ce qui est plus spécial, j'en parlerai plus loin, avec des extraits adaptés (attention aux oreilles).

Contrairement à la France qui consomme beaucoup de musique américaine (ou tout du moins anglophone), le Japon se satisfait beaucoup plus de ses productions locales. Je ne dis pas qu'ils ne n'écoutent que de la musique japonaise, mais les proportions sont très différentes de ce qu'on a en France. On entend vraiment très peu de musique non japonaise (au moins ils n'ont pas à imposer des quotas). En plus des artistes américains, les jeunes écoutent également de la K-pop (korean pop, la Corée n'est pas loin de chez eux).
Pour ce qui est de la chanson française, c'est le néant, à part quelques anciens classiques (comme Edith Piaf) ou quelques rares chansons compatibles avec les goûts japonais (en plus comme c'est en français c'est kakkoii, cool/classe/stylé). Il y a aussi quelques groupes japonais qui s'essaient à de la J-pop en français. Rigolez pas, les paroles sont pas si ridicules que ça et elle a plutôt une bonne prononciation. On est loin de ce genre de désastre (admirez les sous-titres de qualité)... la France se débrouille mieux (ou pas).


Popularité musicale

En France on a droit à de sublimes émissions telles que la Star'Ac qui déterminent qui sera la nouvelle star dans les cris et les larmes (ou les grincements de dents, au choix). Au Japon ils ont évidemment des émissions musicales, elles ont parfois aussi pour objectif de faire le tri parmi des artistes, mais le plus souvent c'est juste pour chanter. Vous avez dû le remarquer dans la vidéo de Poupée de cire, poupée de son : il y a les paroles qui défilent, à la manière d'un karaoke. Ça c'est parce que les Japonais aiment bien chanter. Ils sont d'ailleurs de grands adeptes du karaoke (カラオケ) que j'aurai l'occasion de détailler une autre fois. Et s'ils peuvent chanter devant la télé, il le font.

Au Japon, on ne parle pas vraiment de stars mais surtout d'idoles (アイドル), le terme étant essentiellement utilisé pour les artistes féminins. (Remarque au passage : le terme d'idole n'est pas limité à la chanson, mais dans notre cas on se limitera à ça.) La particularité japonaise c'est le caractère très éphémère de la carrière d'une idole. Toutes connaissent une période de gloire pendant laquelle la popularité est au max ; mais tout évolue très vite et ça ne peut durer que quelques mois. Certaines parviennent à avoir du succès sur la durée, mais c'est plutôt rare (surtout comparé au nombre d'idoles qui sombrent dans l'oubli).
Ce système fait qu'à peu près n'importe qui est susceptible de devenir une idole, même des filles très jeunes : une demoiselle mignonne (c'est très important d'être kawaii) se fait remarquer alors qu'elle chante avec un copain guitariste près d'une bouche de métro (j'en ai vu à Tenjin), et hop c'est parti : télé, concerts, défilés en maillot de bain, interviews... l'idole est adulée par des tas de fans qui pourront tout savoir d'elle : date de naissance, taille, mensurations et groupe sanguin (je n'ai toujours pas compris l'intérêt porté au groupe sanguin) et la voir régulièrement à la télé.

Le phénomène ne concerne pas tous les artistes non plus. Certains groupes célèbres dépassent la durée de vie de quelques années à laquelle sont limitées la plupart des idoles. Parfois c'est un peu plus tordu, comme dans le cas des Morning Musume (モーニング娘), un groupe de filles dont les membres changent régulièrement (parfois pour suivre une carrière de leur côté).
Si on fait une recherche sur Youtube à japanese idol ou à アイドル on ne tombe pas sur des idoles en train de chanter... En prenant des noms au pif, ça marche mieux, y'a de quoi se faire plaisir peur.


Musique et jeux-vidéos

Beaucoup de grands firmes du jeu-vidéo (surtout jeux console) sont japonaises. Il va sans dire que la musique est un élément important d'un jeu, voire crucial pour certains. Passé le stade des premières générations de consoles, quand les évolutions technologiques ont permis d'atteindre une qualité audio satisfaisante, des bandes originales de jeux-vidéos ont commencées à être commercialisées (à la manière des bandes originales de films).
Avec le développement des jeux-vidéo, les japonais ne sont évidemment plus les seuls à faire ça, mais ils avaient déjà commencé eux. Des concerts de musiques de jeux organisés par de grands orchestres ont aussi lieu plusieurs fois par an (un peu partout dans le monde).
Parmi les grands noms ont peut citer Nobuo Uematsu (compositeur pour la série des Final Fantasy) ou encore Koji Kodi (à l'origine des musiques de Super Mario et The Legend of Zelda, entre autres).

Comme j'en avais déjà parlé, les Japonais sont à l'origine de nombreux jeux musicaux avec notamment la série Bemani de Konami. Platine DJ, danse avec les pieds, danse avec les bras, guitare, batterie, chant, taiko, ... tout y passe. Ces jeux dit de rythme consistent principalement à jouer (de différentes manières) des notes prédéfinies en rythme avec une musique qui passe en fond. Les jeux de rythme s'exportent plutôt bien en Europe et aux États-Unis, mais au Japon on va plus loin...

Un jeu qui marche très fort au Japon : Vocaloid2. La recette est simple : la voix d'une actrice/chanteuse/autre japonaise est enregistrée et samplée de manière à avoir tous les sons vocaux possibles. Le joueur n'a plus qu'à assembler les morceaux en ajustant quelques paramètres (longueur de la note, variations d'intonation, ...) et ça donne des trucs comme ça. Sur celle-ci le résultat n'est vraiment pas génial, Poupée de cire, poupée de son là c'est un peu mieux. En fait, la voix est surtout adaptée à la J-pop (ça a été fait pour ça) et plus particulièrement celle qu'on peut entendre dans les dessins animés japonais, les anime (genre ça). Plusieurs opus (avec des voix différentes) sont sortis, et le personnage de Hatsune Miku (初音ミク) issu du jeu s'est déjà taillé une bonne place chez les otaku japonais.

Un autre jeu (encore un, on va se demander où je vais trouver tout ça), 100% japonais, sorti sur arcade puis sur console : THE iDOLM@STER. Comme le titre le suggère (ou pas), le joueur incarne un producteur chargé de la carrière d'une idole qu'il aura au préalable choisie parmi une liste de modèles disponibles et nommée bien entendu. Une fois entraînée (mini-jeux), habillée (la garde-robe fait office de collection) et équipée de divers accessoires(cadeaux des fans, ...), l'idole peut monter sur scène pour sa prestation qui déterminera si oui ou non elle gagnera en popularité.


Le reste, les trucs qui font le plus peur

La J-pop alimente les jeux-vidéos mais également, comme on peut facilement l'envisager, tout ce qui est anime. Il faut savoir qu'un anime commence (opening) et finit (ending) quasi systématiquement par un générique en musique.
Si vous pensiez qu'on ne pouvait pas faire pire que les chanteuses telles qu'Alizée ou Priscilla qu'on a en France et/ou que je vous avais montré le pire... bin non, j'ai dégotté pire. Il ne faut pas oublier les jeux japonais qu'on ne verra jamais chez nous en raison d'un fossé culturel trop important avec ce genre de truc (comment la chanteuse fait pour garder sa voix ? même avec du post-traitement ça y va fort).
Il y a aussi tout ce qui est musique dôjin, ou y'a un peu de tout : de l'orchestral, des chansons normales ou d'un autre espace-temps). En cherchant un jeu, j'ai eu l'occasion d'aller dans un magasin spécialisé, j'ai été surpris de voir que les albums de Touhou (pour ceux qui voient ce que c'est) remplissaient une bonne moitié des étalages, dont une bonne partie avec des albums officiels.

On va finir sur un (long) medley qui, ne serait-ce que par la performance technique qu'il n'est pas donné à tous de pouvoir apprécier, donne un bon aperçu de ce dont sont capables les Japonais. (Je vous rassure tout de même : comme à la télé, on montre surtout les cas particuliers, c'est loin de concerner la majorité.)


Réponses du jeu

Rapidement, parce qu'il faut que j'aille au dodo. Heureusement, il n'y a pas d'explications à donner, même si les résultats surprendront peut-être certains.
  1. オー・ツー : salle d'arcade.
  2. Divers tubes américains célèbres des années 80 : le restaurant nostalgie.
  3. Indiana Jones : au supermarché.
  4. Les Morning Musume : le restaurant dont je n'avais pas parlé.
  5. Remix de 世界はそれを愛と呼ぶんだぜ : au supermarché.
  6. Le pseudo-enka : salle d'arcade.
  7. Remix de Ievan Polkka (aka. Loituma) : Mandarake.
  8. Eyes on Me (FF8) : Hamakatsu, le restaurant un peu plus classe.
  9. The Sounds of Silence.



Pfiou, c'était long... J'ai bien mérité mon dodo, histoire de me reposer le cerveau, les yeux et les oreilles (c'est dur à tous les niveaux de faire des recherches).